La discipline comme ligne de force

 

La discipline est un choix qui souvent nous échappe. Elle nous rappelle que nous sommes  des disciples , dans le sens d’apprentis au service de la vie, et que c’est en étant dans cet apprentissage à travers nos expériences, que nous grandissons et créons  notre realité.

Notre société actuelle propage un message écolo-culpabilisant de notre rapport à la nature, qui, au contraire de nous relier au vivant, de manière qualitative, intuitive et sensorielle, amène à la séparation mortifère de l'humain avec son environnement et à  sa propre nature.

Tout est propice au doute et à la peur de disparaître, à travers l'absorption d'un fruit mal lavé, issu  d'une terre, dont on nous serine que nous sommes complice de polluer, sur laquelle nous n'osons plus prendre appui  pour nous mettre debout et nous ressourcer; d'une ampoule que nous n'avons pas éteint à temps, d'un plein d'essence en trop, d'un ennemi qui peut être notre voisin, et que nous devons bien sûr signaler si nous observons chez ce dernier des signes de comportements "anormaux". 

Dans un monde ou la norme séparatrice est au centre, on peut se demander quelle est la place de la création, celle qui relie chaque être à son humanité et à la nature qui le constitue.
Si la norme est d'avaler les fruits d'un verger labouré par la peur, dont la saveur indigeste sert à soumettre et à manipuler les consciences: est-ce vers le modèle de  la norme que nous avons intérêt de tendre, ou vers la croissance de notre être et des responsabilités de choix  qu'elle engendre ?

Notre existence repose sur les échanges que nous avons avec la nature, le monde du vivant,  orchestré par une énergie commune qui nous traverse et que nous partageons, sans différenciation de culture ou de niveau social.
La qualité  de ces échanges dépend de la discipline que nous avons à rester relier à cette énergie de vie, abondante et présente en permanence en chacun de nous et dans l'invisible. Nous n'avons pas besoin de combattre, nous n'avons nul besoin d'ennemi.
Nous avons besoin d'expérimenter le mouvement du souffle de vie en nous pour nous rencontrer, pour être l'œuvre de nous-mêmes avec les autres .

Poser notre attention sur ce qui nous relie plutôt que sur ce qui nous sépare nous ramène à l'humilité qu'être vivant est une expérience de chaque instant, qui nous ouvre aux mystères de la Création, de la croissance, et qu'il y a autant de chemins que d'individus pour y parvenir.

S'engager dans la  discipline de percer ce mystère revient à être disciple de plus grand que soit en soi, autrement dit à écouter sa voix intérieure.
Nul doute que cette voie n'est pas des plus faciles car elle repose sur des efforts constants ou les réussites et les échecs sont à la même échelle de valeur: celle de servir la croissance de l'être et du Vivant et d'abandonner la croyance en une servitude normative qui enlève toute responsabilité de choix et d'action et limite le mouvement de la vie et le développement de la conscience.

Carole Mazzoni, 
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